samedi 7 novembre 2009

Week-end à Cipanas

Ce week-end familial, va nous emmener en altitude et nous rafraîchir un peu. Direction  le "Puncak", région montagneuse au Sud de Jakarta, très prisée des citadins à la recherche de verdure, d'un climat plus clément et d'un air moins vicié que celui de la capitale.

Vers 6h du matin, Tuti m'a tiré du lit : nous devons partir dans une demi-heure afin de passer à Cibubur, chez les parents d'Alfa, épouse de Manggar, qui nous attendent pour une petite collation matinale. Je bois quand même un thé et avale 3 tranches de pain de mie ; bien m'en prend, car pour ne pas déroger à l'adage indonésien très imagé  "jam karet" (horaire élastique), nous ne partons qu'à 7h40.
Nous quittons l'autoroute Jakarta-Bogor à la hauteur de Cibubur pour rejoindre le complexe résidentiel des parents d'Alfa. L'entrée est gardée, les habitations de tous styles sont plutôt cossues mais souvent mitoyennes (pas terrible pour l'harmonie architecturale). La région de Cibubur, autrefois "garde-manger" de Jakarta par ses rizières et ses cultures maraîchères, se transforme peu à peu en banlieue pour la classe moyenne.
Nous laissons nos chaussures sur le seuil de la maison et après les présentations, nous sommes invités à choisir un plat préparé en barquette ("lontong" ou "nasi kuning") ainsi qu'une boisson ; même si j'ai précisé un café noir, on m'apporte une mixture sucrée au lait concentré ! "Sarapan" (petit déjeuner) terminé, nous prenons congé de nos hôtes et regagnons l'autoroute, suivi de Manggar et sa petite famille. Nous faisons le plein de "premium" : le prix du carburant est uniformisé pour toute l'Indonésie et l'équivalent de notre sans plomb coûte 4400 Rp/l (environ 0,35 euros le litre).

Autrefois, la route du Puncak (sommet) passait par Bogor, maintenant elle contourne la ville et nous conduit directement au pied du col. Le rétrécissement de la chaussée annonce les futurs bouchons avec la multitude de moyens de transports en commun qui s'arrêtent sans crier gare sur le bas côté et redémarrent de la même façon. Les motos passent à droite et à gauche, quelques VTTistes courageux ont entrepris l'ascension, ainsi que des cavaliers sur de petites montures qui arrivent à nous doubler, les automobiles roulant au pas ! La route est bordée de nombreux restaurants, hôtels, résidences d'entreprises ou villas privées auxquels viennent s'ajouter des quantité de petits marchands de fruits et légumes frais.
A Cisarua, à la hauteur de Taman Safari, un policier sur sa moto annonce par mégaphone que la voie descendante est fermée à la circulation des 4 roues, derrière lui. Cette "alternance" consiste à libérer la chaussée : à cette heure de la journée, ceux qui grimpent, plus nombreux, bénéficient de l'avantage de pouvoir poursuivre leur chemin sans embarras vers le col. Tant pis pour ceux qui voulaient descendre, il leur faudra patienter !
Nous voilà dans un paysage où la végétation, moins luxuriante et variée fait place à des résineux et surtout des plantations de thé, au fur et à mesure que la pente s'accentue. Les nuées se font plus enveloppantes et bientôt Puncak Pass (1500m) est franchi. La route descend  maintenant insensiblement en direction de Cipanas.
Non loin de là, nous accédons au lotissement où la famille de Fahmi possède une résidence secondaire. L'entrée est discrètement surveillée et nous pénétrons dans le complexe résidentiel sans aucune vérification. Il s'agit d'un ensemble de maisons de tous styles dont la plupart semblent inoccupées mais pratiquement toutes entourées d'un petit jardin paysagé très bien entretenu, donnant sur la rue sans la moindre clôture. Un gardien nous ouvre la maison ; Fahmi attribue une chambre à chaque famille.
Pendant que les jeunes partent faire un tour à la piscine un peu plus bas, j'en profite pour faire le "tour du propriétaire" et une petite balade dans le lotissement.  Il y a de très belles maisons, mais ce sont surtout les plantes si difficiles à cultiver chez nous qui ici ont des tailles géantes, servant parfois de haie, ainsi que les fleurs qui suscitent le plus mon admiration. A cette altitude, poussent aussi les hortensias, les géraniums, les dalhias et autres oeillets d'Inde. Pour moi, la température est vraiment agréable, mais il semble que les Indonésiens, revêtus de T-shirt à manches longues trouvent l'air un peu frais.
Après le repas et une petite sieste, c'est le moment "shopping" ; non loin de là, se trouvent des magasins de vêtements et chaussures de marque (Redskin, Géox entre autres) produits dans la région et proposés à des prix très attractifs.
Les jeunes, revenus de la piscine, ont l'air frigorifiés... 

Nous voilà dimanche ; à 5h du matin la maison bruisse d'activités ménagères. La douche-casserole est d'une efficacité imparable pour se réveiller complètement : il faut dire que la fraîcheur de l'eau à cette altitude vous donne un sacré "coup de fouet".
Après le petit-déjeuner, je repars faire un tour de lotissement : au lever du jour, tout est calme. Sur le côté, une palissade cache aux regards des résidents un kampung avec des baraques au toit en tôle ondulée, très éloignées du style des luxueuses villas voisines.
Fahmi nous propose un petit tour en voiture à Cipanas.


Cette célèbre station balnéaire du pays Sunda abrite un des six palais présidentiels d'Indonésie (istana kepresidenan). Nombreux sont les villages soundanais de cette région à porter un nom commençant par Ci... signifiant "eau" en langue locale et en l'occurence, pour Cipanas il s'agit d'eau chaude, la ville étant située au pied du volcan Gunung Gedé (environ 3000m) dont les flancs donnent naissance à plus de soixante rivières irrigant en particulier la région sud-jakartanaise.
Nous nous garons sur un parking ouvert sur un terrain de foot ; l'espace est déjà bien occupé par des joggers matinaux effectuant des aller-retours en petits groupes  transpirant, plus essoufflés vraissemblablement par la rigolade que par l'effort fourni ! Sur un côté du parking, quelques marchands de rafraîchissements et autres victuailles ainsi que de 2 manèges mus par la force des mollets de leur propriétaire. Bien sûr ces distractions ne s'adressent qu'aux plus petits.
Après avoir jeté un oeil curieux sur l'immense domaine du Palais Présidentiel, fermé au visiteurs, nous reprenons la route en direction de Cibodas. Elle grimpe vers un sommet soigneusement caché par les brumes matinales ; de nombreux jardins de pépiniéristes  la bordent : nul besoin de serre, tout pousse dans ce climat humide et chaud, sur une terre volcanique pour le moins fertile. Les balles de riz (enveloppes du grain), transportées sur de petits camions dont le chargement volumineux impressionne, trouvent ici leur utilité en servant à la fois d'engrais et en protégeant la terre de l'évaporation.   

Nous repartons maintenant sur le lieu de rendez-vous fixé, Melrimba, sorte de grand parc avec des aménagements pour les enfants, hôtel restaurant et surtout jardin botanique ouvrant sur des plantations de thé. Ce domaine se trouve sur le territoire de Cisarua, en contre-bas de Puncak Pass. Nous y retrouvons les membres de la famille pour cette excursion matinale. La promenade commence par un tour du jardin : on reconnaît de nombreuses variétés de plantes (azalées, rhododendrons, yuccas géants, hortensias, fougères arborescentes, et pleins d'autres dont je n'ai pas relevé le nom). Il y a même une serre consacrée à la culture de fraisiers dans laquelle il est possible de faire sa cueillette et de la payer en fonction du poids récolté. Un petit cours d'eau est aussi aménagé : cascades, plantes aquatiques, ponts pour les photos, coin pêcheur, etc).

Un gardien nous fait signe de le suivre pour l'ouverture de la visite du Perkebunan Teh (plantation de thé nationale). Le paysage est superbe bien que le soleil brille par son absence : des théiers à perte de vue. La plantation épouse parfaitement les collines et la taille régulière des arbustes donne une impression de douceur au paysage. Nous progressons sur un sentier qui nous mène à une route empierrée serpentant sur le relief. Après quelques mètres nous stoppons tous pour regarder une cueilleuse descendre de la colline, un énorme sac en toile-plastique rempli de feuilles vertes pris en charge sur son crâne. Elle vient le déposer, ou plutôt le jeter à côté d'autres déjà stockés sur bord de la route. La balle semble très lourde : elle annonce une cinquantaine de kg. Effectivement, Eddy et moi essayons de le soulever mais impossible de la décoller du sol. La tenue des cueilleuses est adaptée à leur travail : ample tablier, imperméable et bottes de caoutchouc pour crapahuter sur les pentes suintantes et argileuses de l'exploitation. Tandis qu'elle repart à sa cueillette, une autre arrive, portant une hotte sur le dos tout en en tirant un sac derrière elle. On peut supposer que ses cervicales ne peuvent plus supporter les charges si pesantes ; sur l'aire de stockage, elle déverse toutes ses feuilles de thé sur une grande toile carrée qu'elle referme en nouant les 4 coins formant ainsi une balle identique aux autres. Elle transpire tout autant que la première mais garde le sourire ... je me demande quel salaire elles peuvent bien toucher pour un travail aussi pénible. 
La balade se poursuit, des petits malins font du stop avec succès ; la brume au-dessus nous préserve des rayons ardents du soleil, la température est idéale. Nous franchissons un petit col ; sur l'autre versant, on se fait une idée plus juste de la gestion d'une telle plantation. Tandis que les femmes sont à la cueillette, un ouvrier supprime de vieux théiers secs, devenus improductifs, tandis qu'un autre remet en état le terrain pour accueillir de nouveaux plants. Un peu plus loin, on distingue un étang tout près d'un hameau de quelques maisons, totalement immergé dans la plantation. Notre balade se poursuit jusqu'au point d'eau, à un rythme très "cool". L'endroit, romantique, est assez photogénique d'autant  que le soleil daigne se montrer par-ci par-là, quand les nuages lui laissent un peu de place pour éclairer de ses feux des îlots de verdure. Entre les pieds des théiers poussent des impatiens de Nouvelle Guinée, témoins de l'humidité permanente du terrain ; un peu plus loin la dépouille d'un petit serpent montre que le port des bottes en caoutchouc n'est pas superflu contre d'éventuelles morsures ... les reptiles doivent être légion à l'abri des feuillages !
A notre retour, le tas de balles de feuilles récoltées a grossi et deux petits camions Mitsubishi, donnant une apparence de puissance incroyable sur cette route pentue et chaotique, viennent charger leur benne. Trois cueilleuses font une pause et avec un grand sourire me demandent de les photographier, à condition de débourser quelque monnaie.
J'ai un peu honte de leur dire que je n'ai vraiment pas une rupiah sur moi, et leur montre mes poches vides pour qu'elles me croient ; elles s'éloignent avec des rires moqueurs et des réflexions en soundanais que je suis incapable de comprendre ... vexant !

Nous traversons à nouveau le jardin botanique et je me dirige vers une grande serre, sorte de "jardinerie" spécialisée, dans laquelle sont exposées d'élégantes orchidées destinées à la vente, dégageant un parfum subtil et envoûtant.


A l'extérieur, les enfants me montrent leur adresse au basket ; je rejoins l'ensemble des adultes assis autour d'une table basse, en train de déguster le thé local accompagné de douceurs alléchantes. Il y a des "pisang goreng" (bananes frites) et des petits gâteaux tout ronds à base de farine de riz, soupoudrés de sucre glace ; tout cela est excellent après la balade dans la plantation. Le thé chaud, juste un peu amer malgré les morceaux de sucre candy, s'accorde parfaitement avec les bananes chaudes elles aussi, craquantes et fondantes à la fois.

Les enfants vont maintenant s'essayer au parcours dans les arbres, avec l'aide de moniteurs très dévoués ; casqués et munis d'un harnais de sécurité, tous essaient mais les réussites sont diverses selon l'âge, les aptitudes physiques et surtout le courage devant les difficultés mises en oeuvre. Heureusement, la "tyrolienne" après l'appréhension du vide, redonne le sourire à tous les acteurs qui ont droit ensuite à un tour de quad adapté à leur âge.

Le ciel s'assombrit et nous quittons les lieux après une séance de photos collectives, pour aller...manger dans un "warung sate kiloan" (petit restaurant de brochettes). Ici les brochettes sont vendues au poids, qu'elles soient "ayam" (poulet) ou "kambing" (chèvre) ; rajoutez à cela un "gulai kambing" (autre préparation très goûteuse à base de viande et os de chèvre), le riz vapeur, les tranches de concombre et de tomate, les "sambal" et petits piments, le tout arrosé de thé (chaud, glacé, sucré ou non) et de jus d'avocat pour conclure et vous avez un excellent repas, typiquement indonésien, en toute simplicité, qui "vaut le détour" (!!!)
Dans le warung voisin, les spécialités sont les "patates douces" au four et les épis de maïs grillés : mais pour moi, sans façon, le plein est fait.
Nous attaquons la descente du col : bientôt, on retrouve les bouchons et une "conduite à risque" qui ne m'empêche pas de "clicher" quelques curiosités amusantes.


 


Tuti veut passer dans une fabrique de sacs à Bogor. L'orage qui menaçait finit par éclater avec la violence des orages tropicaux. Cette ville au pied de la montagne détient (me semble-t-il) le record mondial du nombre d'orages annuels. Une fois les emplettes faites, impossible de quitter l'endroit : un véritable déluge. Comme partout en Indonésie, de petits marchands de spécialités culinaires sont installés aux abords des grands magasins et pour l'heure, ils sont assaillis de clients qui attendent l'accalmie pour reprendre leur voiture. Personnellement, je n'ai besoin de rien mais le reste de la famille semble encore "avoir de la place" pour une autre collation ("habis makan, makan lagi", fini de manger on mange à nouveau)! Ouf, la pluie se calme et nous finissons par rejoindre la voiture pour regagner au plus vite la capitale ... demain, direction Bali ! 

4 commentaires:

  1. la végétation est impressionnante, comme ça doit sentir bon ces orchidéés !!!! très interessant ... amicalement mccxxx

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  2. le réveil des papilles, qu'est ce donc que ce plat ?? joliment présenté ? mcc

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  3. "réveil des papilles":les brochettes (sate) sont toujours accompagnées d'une "garniture" de petits piments verts (cabe rawit) et d'échalotes crues (bawang merah) baignant dans un filet de sauce de soja sucrée (kecap manis): c'est très relevé et les papilles inexpérimentées (et pas seulement les papilles) risquent de prendre feu !!!

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