jeudi 17 septembre 2009

Situ Babakan, Situ Gintung

Après un détour par le magasin "Sarinah" de Jalan Thamrin qui regorge de produits artisanaux de qualité (relativement chers), nous voilà en route vers le district de Jagakarsa au sud de Jakarta.
Au milieu de la matinée, les avenues sont dégagées, mais le quartier où nous nous dirigeons est très excentré et les rues plutôt étroites. Le but de cette excursion est la découverte d'un  "kampung Betawi" (quartier de Batavia, nom de Jakarta sous l'occupation hollandaise).
C'est un des rares endroits à avoir conservé quelques habitations de style colonial et même reconstruit certaines d'entre elles pour en faire un lieu mettant en valeur le patrimoine architectural jakartanais par son habitat d'antan et en y créant des évènements culturels, ludiques ou sportifs rappelant les traditions de la capitale. 
En arrivant sur place un lundi matin, nous n'avons aucun problème de parking dans ce lieu certainement très fréquenté le week-end vu le nombre de baraques de marchands et petits restaurants qui longent l'allée bordant Situ Babakan, un lac artificiel.
Nous sommes les seuls à faire le tour du village "betawi", dont les maisons au larges avancées de toit et aux terrasses couvertes meublées de superbes sièges en bois, ont indéniablement un charme rétro présentant une certaine douceur de vivre. Il pleut légèrement, le lieu semble inhabité ; la végétation présente des variétés aux fleurs étranges (dont le nom reste un mystère), là un arbre à pain, ici un bouquet de bambou ...
Sur le lac un pêcheur lance son filet debout sur une frêle embarcation (genre radeau) de laquelle il saute dans l'eau pour récupérer le faible produit de ses efforts.
Nous "passons à table" pour essayer les spécialités : soupes à base de nouilles "khas betawi" (toge goreng, mie-bakso) arrosées de "bir pletok"(décoction sans alcool, à base de gingembre, cannelle, citronnelle, sucre, café et autres ingrédients naturels donnant la couleur rouge de ce breuvage fort agréable et digestif).   

Nous quittons Situ Babakan pour nous diriger vers un autre lac artificiel, Situ Gintung (district de Tangerang), ou du moins ce qu'il en reste après la catastrophe du 27 mars 2009.
Dans la nuit, vers 3 heures du matin, la digue de terre constuite en 1933 sous l'administration hollandaise à des fins d'irrigation, mal ou pas entretenue depuis, a cédé sous la pression de la réserve d'eau du lac artificiel, constamment alimentée par les pluies incessantes qui s'abattaient sur la région depuis plusieurs semaines. La retenue de terre, minée par les infiltrations et la vanne d'évacuation de trop-plein restant bloquée, la catastrophe était inévitable.
D'une part les autorités en charge de la sécurité n'auraient pas pris les mesures nécessaires d'évacuation de la population habitant en aval de la digue malgré le signalement de fissures anormales, plusieurs mois auparavant, et d'autre part bon nombre d'habitations n'auraient jamais dû obtenir de permis de construire dans un lieu aussi exposé. De telles "négligences" ont coûté la vie à une centaine de personnes, englouties dans leur sommeil sous des flots de boue, et jeté à la rue des centaines de familles.
L'album photos "Situ Babakan, Situ Gintung" ne montre que quelques vues de l'emplacement de l'ancien lac, lieu où les Jakartanais pouvaient passer une journée, en famille ou en amoureux, au bord de l'eau, dans un cadre agréable, sans avoir à sortir de la capitale.
Pas de voyeurisme malsain dans ces clichés qui ne montrent que l'étendue des dégâts en amont ; pour avoir une idée de l'endroit avant et après la rupture de la digue, de la zone détruite en aval au lendemain de l'inondation, utiliser le lien Situ Gintung.
Mes photos sont prises du jardin d'un restaurant surplombant le lac, non loin de la digue effondrée ; ce jour-là un terrible orage a éclaté et l'on imagine les quantités d'eau accumulées quand il pleut ainsi durant plusieurs semaines...un vrai déluge !

Il pleut moins fort pour notre retour à la maison, mais l'orage a provoqué d'énormes embouteillages (c'est habituel), certains axes de circulation inévitables étant coupés par l'abondance des flots. Il existe un vaste problème d'évacuation et de traitement des eaux pluviales et usées dans cette ville où le béton et l'asphalte occupent chaque jour un peu plus de surface et dont la population ne cesse de croître.

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